Présentation :
Je suis sans doute un vétéran de la chronique, cependant, cela ne remonte pas aux grandes heures de Best dans les années 1970-1980 ! On passe rapidement sur les publications passées et actuelles depuis 2004 (Blues Again, Electric Buffalo, Jukebox Magazine, La Planète Du Stoner-Rock, Vinyle&Audio, Gonzaï, Best), les bouquins chez Camion Blanc, les Presses du Midi et les Editions du Layeur (il y a de quoi faire). Je conçois le rock comme le véhicule de l’évasion intellectuelle et psychique. Derrière chaque disque et groupe, il y a une aventure humaine et un contexte social. Les musiciens ne sont pas des héros, juste des gens qui tentent d’exprimer leurs émotions en musique. Avec leurs chansons, ils nous emmènent avec eux. Ecrire sur la musique, c’est donner envie d’écouter les artistes et leurs disques. On n’a pas de temps à perdre à médire, car on n’en a pas assez pour parler de tout ce que l’on aime. Même si il y a un paquet de disques de merde à trier quand même, hein.
BEST TOP 2023 :
1 – SUPERTZAR : Epic, Truth & Fantaisies
Ces trois desperados du riff sabbathien de Colmar viennent de sortir leur premier album, et c’est une bombe de doom-metal. Inspiré, ayant parfaitement saisi l’esprit du genre, Supertzar développe des thèmes conséquents frisant les dix minutes. Les morceaux sont captivants et possédés. La rythmique, les riffs et les solos sont des tornades impeccables, ces gars-là ont tout compris.
2 – KOMODRAG AND THE MOUNODOR : Green Fields Of Armorica
Ce disque me permet de parler de deux excellentes formations de Bretagne nommées Komodor et Moundrag en une seule chronique. Les premiers font dans le heavy-rock seventies inspiré de MC5, les seconds sont plutôt dans l’esprit Atomic Rooster. Copains depuis toujours, ils ont décidé de fusionner sous ce patronyme étrange, et propose cet album génial croisant Traffic, Atomic Rooster, Cactus, Vanilla Fudge, Deep Purple, et plein de superbes choses issues des années 1970, mais revisitées avec un brio époustouflant. C’est une musique nouvelle, pétrie de l’esprit artisanal d’il y a cinquante ans, et c’est réussi.
3 – GANAFOUL : Roll On
Je suis très attaché aux racines prolétaires du rock. Le blues-rock, le boogie, tout ce qui fait vibrer les ouvriers du monde entier m’enthousiasme. Ganafoul est un groupe lyonnais fondé en 1974, et qui publiera quatre albums et un live entre 1977 et 1981. Sa reformation était inespérée, avec pas moins de trois membres fondateurs (Jack Bon, Doudou Gonzalez, Yves Rothacher). Le brio de son nouvel album l’était encore plus. Réinterprétant pour bonne partie son répertoire, le quatuor le réinvente avec brio. Ganafoul a toujours la rage au ventre, originaire de Givors au sud de Lyon, un des bastions de la sidérurgie française. Ce qui pouvait sembler comme un tour de piste de vétérans se transforme en leçon de hard-blues saignant qui rappelle d’où vient vraiment la rock music.
4 – KANAAN : Downpour
Kanaan est un trio norvégien qui a percuté le monde en 2018 avec l’album « Windborne ». Au rythme d’un album par an, parfois deux, Kanaan développe un stoner-rock instrumental imbibé de jazz fusion. La batterie sonne comme Elvin Jones, mais la basse racle le sapin comme Kyuss. C’est vertigineux d’inventivité à chaque minute, et « Downpour » ne fait pas exception avec une folie féroce datant de « Earthbound » de 2021. Ask Vatn Strøm à la guitare, Ingvald André Vassbø à la batterie, et Eskild Myrvoll à la basse et aux claviers sont d’infatigables chercheurs sonores d’une vingtaine d’années chacun, et refusant tout carcan commercial.
5 – UNCLE ACID AND THE DEADBEATS : Slaughter On First Avenue
Le groupe connut une éphémère heure de gloire en assurant la première partie de Black Sabbath en 2013. Connaissant la formation, je vécus un très grand concert avec deux formations aimées. Entre 2010 et 2018, Uncle Acid And The Deadbeats, formation de Cambridge, proposa cinq excellents albums pétris de cet esprit unique fait de vieux films d’horreur et de sonorités vintage mêlant Black Sabbath et les Beatles. Puis, Uncle Acid disparut, jusqu’à la sortie de cet album live inespéré et capté à Minneapolis sur deux concerts de 2019 et 2022. Le doom-metal et le stoner-rock ne sont pas prolixes en enregistrements live du fait de la petitesse de leur audience, et donc de leur impact commercial. Aussi, la sortie d’un double album live de Uncle Acid And The Deadbeats est un vrai cadeau du ciel. Il n’est sans doute pas parfait, mais il retranscrit toute la magie de ce groupe unique et insaisissable.